Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Embarquement au Pérou
7 juillet 2007

Huaraz, vendredi 6 juillet 2007

Randonnée autour de la Cordillera Huayhuash

   Le lundi 25 au matin, nous partons pour le village de Pocpa situé au sud de Huaraz, point de départ de notre trek autour de la cordillera Huayhuash. A la gare routière, nous retrouvons notre guide-cuisinier Epi et nous faisons connaissance avec nos compagnons de rando, Julia (autrichienne) et William (américain). Petit problème à l'installation, nous disposons des sièges 27 à 30 mais les numéros de place s'arrêtent à 29 ! Après quelques négociations, tout s'arrange et nous partons.

   Près de 5 heures et un changement de bus plus tard (le premier étant tombé en panne), nous arrivons à Pocpa. Nous commençons alors notre familiarisation avec le drôle de système de "taxes" de la cordillera Huayhuash. Il y a quelques années, de gros problèmes de sécurité sur le trek sont survenus, plusieurs groupes de touristes ayant été attaqués. Les habitants du coin ont alors décidé de prendre les choses en main et d'organiser la sécurité du sentier. Pour ce faire, ils récoltent une sorte de droit de passage à l'entrée de leur village pour financer leur surveillance. Sur le principe, l'initiative peut sembler bonne. Sauf qu'on s'étonne un peu de devoir payer des sommes relativement importantes pour simplement traverser un village en bus, sans s'y arrêter ou y dormir. En fait, cela ressemble plus à une sorte de droit de passage-racket dont il faut obligatoirement s'acquitter.

   Malgré la cohue à l'arrivée du bus, nous n'échappons pas à l'impôt.

08_huayhuash1_001

   Ces formalités accomplies, nous faisons connaissance avec la dernière partie de notre troupe, notre arriero (conducteur d'ânes) Isidro et ses 5 ânes. Nous allons en effet marcher 10 jours dans des lieux ne disposant d'aucune infrastructure et nous devons par conséquent tout transporter avec nous : matériel de camping, nourriture, affaires personnelles...
   Cela pourrait s'avérer fatigant si nous devions tout porter dans nos sacs à dos mais la présence des ânes simplifie considérablement la tâche. Nous n'aurons à transporter que nos affaires de la journée dans notre petit sac à dos et laisserons le reste à la charge des "burros".

   Isidro à gauche et Epi à droite.

08_huayhuash9_015

   Notre chargement arrimé, nous voilà en route pour notre premier camp de base situé à 4170m d'altitude. Cette première journée de marche n'est pas passionnante, nous suivons essentiellement une route mais les paysages sont tout de même déjà beaux.

08_huayhuash1_003

   A l'arrivée à notre camp, nous découvrons un peu surpris les conditions presque "luxueuses" dans les quelles s'effectueront notre trek. Nous disposons de 3 tentes (Julia et William ont chacun la leur), d'une tente-cuisine et d'une tente-salle à manger. Nous constatons également que nous mangerons assis sur des pliants autour d'une table et non par terre ou sur un rocher. En fait, toutes nos nuits s'effectueront à des altitudes comprises entre 4060 et 4700 mètres avec les températures qui vont avec. Quand le vent s'en mêle, il est beaucoup plus agréable de pouvoir se réfugier dans la tente-salle à manger pour se réchauffer d'une soupe brûlante préparée par Epi.

   Relativisons tout de même le "luxe" de notre installation, nous n'aurons évidemment pas l'occasion de prendre de douche pendant ce trek et les installations sanitaires (quand elles existent) laissent un peu à désirer. Voici les "toilettes" de notre second campement...

08_huayhuash3_006

   Dernière constatation, Isidro et Epi refusent nos propositions d'aide quant à l'installation du camp. Pendant qu'ils montent nos tentes ce soir-là, nous restons assis sur nos chaises à déguster la boisson chaude qu'ils viennent de nous apporter. Bon, demain on essaiera quand même de mettre la main à la pâte !

   En fait nous n'en aurons pas l'occasion. Nos journées de marche se déroulent de la manière suivante. Nous nous levons souvent avec le soleil ou un peu avant et fonçons nous réfugier dans la tente-salle à manger pour le petit-déjeuner. Café, thé, infusions et selon les jours omelette, porridge ou pancakes nous attendent : c'est copieux mais il nous faut bien ça pour marcher. S'ensuit le moment le plus pénible de la journée : plier la tente couverte de givre et souvent s'y reprendre à plusieurs fois pour la faire rentrer dans son sac. Pas toujours facile de se réchauffer les mains après ça !

   Comme récompense, nous pouvons admirer le soleil se lever et rosir les pics enneigés. Ca motive quand même pour sortir du sac de couchage.

08_huayhuash4_003

   Nous avons la chance de bénéficier d'un temps magnifique durant toute la durée de la randonnée. Quand parfois il y a des nuages, ils ont le bon goût d'être jolis et de se dissiper rapidement.

08_huayhuash3_098

08_huayhuash3_018

   Plutôt que de nous faire suivre le sentier normal, Epi nous emmène presque chaque jour dans un de ses " senderos secretos ". Moins fréquentés, plus près des montagnes, ces passages secrets nous permettent d'apprécier encore davantage la beauté des lieux. Nous pouvons ainsi admirer des paysages magnifiques et très variés. Ce trek est réputé pour être un des plus beaux du monde et nous ne sommes pas déçus, nous en prenons plein les yeux !

08_huayhuash3_084

08_huayhuash4_030

08_huayhuash4_069

08_huayhuash6_018

08_huayhuash6_068

   Tous les jours, le sentier franchit au moins un col à haute altitude compris entre 4700 et 5000 mètres. Les paysages sont beaux mais ils se méritent. Le plus souvent, c'est le matin que nous nous attaquons à cette difficulté. Nous voici au plus haut passage du trek à 5079m.

08_huayhuash6_086

   Le midi, Epi nous sert un repas étonnamment élaboré pour nos conditions de rando : il s'est souvent levé très tôt pour le préparer. Ah, le poulet à l'escabèche du troisième jour !

08_huayhuash8_096

   Après, nous savourons les délices d'une petite sieste au soleil à 4500m d'altitude avant de reprendre notre route.

08_huayhuash2_087

 
   Pendant ce temps, Isidro fonce sur le sentier normal pour prendre les meilleures places au campement du soir et bénéficier des plus belles vues. Quand nous arrivons, le camp est déjà monté et nous n'avons plus qu'à déguster notre thé et nos crackers en admirant la vue.

08_huayhuash7_017  08_huayhuash8_06308_huayhuash6_096

   Ensuite, nous profitons des derniers rayons du soleil pour essayer de faire un brin de toilette. L'eau est froide alors on se contente d'un simple débarbouillage.

08_huayhuash3_090

08_huayhuash8_116

   Le cinquième jour tout de même, nous campons à proximité de sources d'eau chaude. Du coup c'est un vrai bonheur de se délasser (décrasser ?) dans un bain à 40° !

08_huayhuash5_060

   Dès que le soleil disparaît derrière les montagnes, il fait subitement très froid et nous nous réfugions dans notre tente et nos sacs de couchage en attendant le dîner. Clément travaille son espagnol, Florence lit ou alors nous jouons au " Trivial Pursuit " avec les recharges de cartes que nous avons.

   Après le dîner (toujours délicieux), nous restons discuter quelques temps avec nos compagnons de route en buvant des infusions. Nous avons cette fois encore la chance de tomber sur des gens intéressants. Eux aussi sont en Amérique du sud pour plusieurs mois et nous pouvons échanger nos expériences. Même si l'ambiance est bonne, quand la bougie s'est consumée, tout le monde rejoint le chaud refuge de son duvet. La tente ne nous protège que partiellement du froid, tous les matins nous retrouvons nos gourdes gelées et parfois une fine pellicule de givre sur les parois intérieures de notre abri.

   Parmi les faits marquants, l'escorte dont nous bénéficions un matin. Nous avons dormi dans l'un des camps autrefois parmi les plus dangereux  du parcours et des hommes en armes nous accompagnent (moyennant finances) jusqu'au col suivant. On ne peut s'empêcher de penser que les mêmes qui attaquaient le camp la nuit se présentent aujourd'hui en plein jour armés des mêmes fusils pour récolter leur droit de passage. On a vraiment l'impression d'avoir affaire à une sorte de mafia. Un pourboire en plus ? Non, pas question !

05_huayhuash_5_50

   A la fin du parcours, Epi nous propose de doubler une étape de manière à pouvoir bénéficier d'un jour de repos à l'un des plus beaux endroits du parcours et surtout pour lui permettre de nous préparer un repas typique, une pachamanca.
   Nous acceptons évidemment et c'est vrai que le cadre est joli !

08_huayhuash8_089

   En plus il parait que le lac regorge de truites alors nous mettons à profit notre jour off pour en faire le tour armés de cannes à pêche. Nous sommes tous novices en la matière mais la chance du débutant ne nous sourit pas pour autant. Nous rentrons bredouilles, sans la moindre prise.

08_huayhuash9_001

   Heureusement Epi avait envoyé des gens compétents attraper le déjeuner au lever du soleil alors nous nous régalons tout de même de truites !

   Pendant ce temps-là, les choses sérieuses ont commencé avec notre dîner spécial. Isidro est parti acheter un agneau avant de l'égorger et de le découper. Voilà une chose dont nous n'avons pas tellement l'habitude et ça demande beaucoup de travail. Quand on voit que le lieu d'abattage est le bord de la rivière et que c'est également là qu'on vide les intestins de la bête, on se dit que ça ferait hurler n'importe quel responsable-hygiène d'abattoir. On se dit aussi qu'on ira remplir nos gourdes en amont de l'endroit...
   Voici le dîner encore sur pattes :

08_huayhuash8_107

   Après une nuit de marinade, on fait chauffer des pierres puis on les enterre avec la viande et plusieurs variétés de pommes de terre sous une couche de bambous.
   Une heure plus tard, il n'y a plus qu'à déterrer l'ensemble, à chasser tous les chiens qui nous piqueraient bien notre souper et à déguster le tout arrosé de vino tinto ! Un délice !

08_huayhuash9_022

   Le lendemain, quelques heures de marche nous ramènent à Pocpa d'où nous reprenons le bus pour Huaraz. Un peu tristes de quitter les montagnes, nous savourons cependant les bienfaits de la civilisation. Il faut avoir été privé de ces plaisirs simples pour ressentir pleinement le bonheur qu'il y a à prendre une douche chaude ou à changer de chaussettes !

Photos Pérou - Retour accueil - Livre d'or

Carte_P_rou

Publicité
Publicité
Commentaires
Embarquement au Pérou
Publicité
Publicité