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Embarquement au Pérou
11 juillet 2007

Huaraz, mardi 10 juillet 2007

L'ascension du Nevado Pisco

   Nous voici de retour à Huaraz le mercredi 4 juillet en fin d'après-midi après le trek de Huayhuash. Une mauvaise nouvelle nous y attend. Nous apprenons le décès de la grand-mère de Florence. Elle était âgée et nous savions que cela pouvait arriver à n'importe quel moment mais c'est bien sûr un gros choc. Et puis nous apprenons la nouvelle trop tard pour envisager de rentrer pour l'enterrement qui a déjà eu lieu. Florence ne souhaite pas s'étendre plus longuement sur l'évènement mais c'est dans ce genre de moment qu'on prend la mesure de la distance qui nous sépare de nos proches et qu'aucun téléphone ni connexion Internet ne parviennent à abolir. Dans ces circonstances, on préfèrerait être auprès de notre famille plutôt qu'en train de voyager à l'autre bout du monde.

   Il est difficile d'enchaîner sur la suite de notre récit après une telle nouvelle. Tout cela parait subitement bien futile. C'est évidemment très attristés que nous continuons à organiser notre séjour mais notre voyage se poursuit et ne nous ramènera pas en France avant le mois d'octobre...

   Nous avons un autre objectif en tête avant de quitter les montagnes péruviennes : nous voulons gravir un sommet de la Cordillera Blanca, cette chaîne toute proche de Huaraz. Le choix est assez limité car les ascensions sont très difficiles et techniques par ici, dès que l'on veut monter à plus de 5500 m. Or nous ne sommes pas encore des pros de l'alpinisme (ou de l'andinisme). Heureusement un sommet est facilement accessible aux novices : le Nevado Pisco, culminant à 5752 m. Comme pour le Cotopaxi en Equateur, il suffit d'avoir un guide et l'équipement adéquat pour pouvoir arriver au sommet : on ne fait que marcher sur la glace, il n'y a pas de partie technique dans l'ascension. Ah, il faut aussi du souffle et être bien acclimaté mais pour ça notre trek de dix jours au-dessus de 4000 m nous a bien préparés !

   Nous nous renseignons dans les agences de Huaraz proposant ce type d'ascensions. Le choix n'est pas facile car nous voulons bien sûr un guide sérieux et certifié, tout en évitant de payer une fortune. Après quelques hésitations, nous nous engageons le jeudi soir pour un départ deux jours plus tard.

   Nous nous présentons donc à l'agence à 7h du matin le samedi 7 juin. Nous rencontrons l'assistant-guide qui va nous conduire au camp de base où nous passerons deux nuits. Nous y retrouverons notre guide qui est déjà sur place. Le début de la marche est à deux heures de route de Huaraz. Nous enchaînons mini-bus collectif et taxi, et c'est parti. Nous n'allons pas marcher très longtemps ce premier jour : 2h30 à un rythme tranquille pour arriver au campement. Les paysages sont déjà très intéressants : les géants de la Cordillera  Blanca sont autour de nous.

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   Nous arrivons sans encombre et sans s'être trop fatigués, c'est important pour le lendemain. Un peu avant le camp nous pouvons observer notre objectif dans son ensemble : le sommet du Pisco ne paraît pas si loin...

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   La photo permet pourtant d'apprécier ce qui est peut-être la plus grande difficulté de l'ascension : une moraine très étendue nous sépare du glacier. Le lendemain, nous devrons donc traverser ce champ de rochers de toutes tailles avant de pouvoir chausser les crampons et marcher sur la glace. Et encore, c'est sans doute à la descente, alors que nous serons bien fatigués que cette partie sera la plus pénible.

   Le plus important pour l'instant est donc de se reposer : nous nous allongeons au soleil et tentons de dormir un peu. Notre guide n'est pas encore là : en fait il montait au Pisco le matin avec un autre groupe. Dur, dur le métier de guide, il va devoir enchaîner l'ascension deux jours de suite !

   Dès notre arrivée au camp nous avons remarqué qu'il semblait manquer une tente. Le groupe d'aujourd'hui, le guide et l'assistant, plus nous, ça fait sept personnes. Or on ne voit que deux tentes : une de quatre places et une d'une place. Ca fait un peu juste. L'impression se confirme au retour du guide. L'agence a fait une erreur. Heureusement, il y a un refuge juste un peu au-dessus du campement. Nous sommes donc invités à aller poser nos affaires dans un dortoir immense et vide. Au lieu de passer la nuit dans une tente, nous serons au chaud et confortablement installés sur des lits : c'est tout bonus ! En plus il y a de la place pour quarante dans cette chambrée mais nous ne sommes que deux, c'est le luxe...

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   Les refuges se suivent mais ne se ressemblent pas. Nous sommes bien loin de ceux rencontrés en Equateur. Celui-là est très grand, d'une propreté étonnante, possède de " vraies " toilettes, une douche, un restaurant... C'est incroyable mais nous n'aurons pas vraiment le temps de profiter de tous ces services. Après être descendus manger près des tentes vers 18h30 nous remontons vite nous coucher. Demain, le réveil va sonner très tôt : à 1h du matin !

   Effectivement, il y a des sonneries qui font plus mal que d'autres.... Nous nous levons malgré tout, en nous demandant bien sûr ce qui nous pousse à faire des choses comme ça et nous nous habillons de toute la panoplie du parfait alpiniste : chauds sous-vêtements, pantalon, micro-polaire, polaire, pantalon, sur-pantalon imperméable, blouson, bonnet, gants puis nous enfilons chaussures et guêtres. Ouf, ça va, on arrive encore à bouger avec tout ça. Nous descendons ensuite au camp prendre un petit-déjeuner en compagnie de notre guide.

   A 2h du matin, lampe frontale sur la tête, nous commençons l'ascension. Il n'y a pas de vent et il fait étonnamment bon. Nous ouvrons nos différents vêtements au fur et à mesure pour nous donner de l'air. Le ciel était assez couvert au départ mais finalement les étoiles apparaissent malgré quelques passages nuageux. Un peu traumatisés par le mauvais temps de notre tentative au Cotopaxi en Equateur, nous suivons fréquemment l'évolution des nuages avec anxiété.

   La traversée de la moraine est longue. Nous progressons à un rythme continu mais forcément assez lent au milieu de tous ces gros cailloux, arrivés ici à la suite d'une énorme avalanche dans la montagne adjacente. Il faut parfois se hisser sur de hautes pierres, se baisser ou sauter, ou bien descendre pour mieux remonter : quel travail !

   Finalement, vers 5h30 nous arrivons à l'endroit où nous allons chausser les crampons et monter (enfin) sur le glacier. Notre guide vérifie le montage des crampons et notre harnais puis nous encorde et nous voilà partis sur la glace.

   Le jour se lève doucement alors que nous montons les premières pentes. Nous pouvons ranger la lampe-frontale et profiter de la vue sur les montagnes environnantes : c'est déjà beau, même s'il manque un peu de soleil.

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   Le ciel est à peu près dégagé même si des nuages lointains empêchent pour l'instant le soleil d'éclairer les montagnes. Surtout, nous voyons clairement notre sommet. Il semble que cette fois la météo ne nous gâchera pas tout. Nous apprécions beaucoup cette marche sur le glacier. Il ne fait pas froid, il fait jour et la progression est beaucoup plus facile que dans la moraine. Notre rythme n'est pas très rapide mais constant (et c'est ce qu'il faut) avec une courte pause toutes les quarante minutes environ. Juste le temps de boire, de manger une barre chocolatée ou un petit gâteau et de prendre une photo, du Nevado Huandoy (6395 m) par exemple.

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   Il est évidemment plus difficile d'avancer au fur et à mesure que nous montons en altitude mais la pente n'est pas trop raide, bien moins qu'au Cotopaxi. Nous alternons faux-plats et montées et enfin un peu avant 9h, c'est la dernière ligne droite, le sommet est au bout.

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   Un dernier effort et nous voilà arrivés. Tout va bien, le soleil brille et il n'y a pas de vent ! Nous pouvons poser, victorieux, devant le Huascaran, 6768 m, la plus haute montagne du Pérou.

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   La vue depuis le sommet est fantastique. C'est tout l'intérêt de cette montagne. Elle n'est pas très difficile à gravir et elle est très bien située, offrant un point de vue sur un grand nombre de sommets de la Cordillera Blanca. Nous prenons notre temps pour observer tout cela, heureux d'être arrivés jusqu'ici.

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   Nous restons plus d'une demi-heure au sommet, puis c'est le début de la descente. Le soleil est haut dans le ciel maintenant et nous nous régalons des paysages qui nous entourent. Les formes que la glace peut créer sont vraiment d'une beauté extraordinaire. Certes l'effort est intense pour monter si haut mais nous sommes largement récompensés par ce spectacle unique.

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   Le plus difficile, c'est bien sûr de descendre la moraine. Nous y passons de nouveau environ deux heures, à nous battre contre la fatigue et les rochers. La dépense d'énergie et le lever au milieu de la nuit se paient à ce moment ! Nous arrivons finalement au camp de base vers 14h, soit 12h après notre départ. Quelle journée !

   A l'origine nous devions y passer une deuxième nuit mais finalement nous redescendons directement à Huaraz après un repos de deux-trois heures car Florence souffre d'une petite irritation aux yeux due à l'air sec et à la poussière de la moraine. Nous réussissons à consulter un ophtalmo dans une clinique à 22h et quelques crèmes et collyres plus tard nous sommes de retour à notre hôtel pour pouvoir enfin dormir après cette très longue journée.

Photos Pérou - Retour accueil - Livre d'or

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